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27 décembre 2011 2 27 /12 /décembre /2011 19:01

1 - Introduction


Le Beaujolais doit son nom à la maison des Beaujeu.


La trace du premier seigneur de Beaujeu apparaît aux alentours de 950. Il s'appelait Bérard et était un homme avisé dont le château, bien assis au-dessus de l'Ardières, dominait fièrement le pays de Beaujeu. Durant les IXe, Xe et XIe siècles, les Sires de Beaujeu se taillèrent un territoire important. Ils firent du Beaujolais un état tampon entre le Mâconnais et le Lyonnais.


1140, Humbert III fonde Villefranche.


1260, Guichard V gratifie la ville du droit de sceau, lui concédant ainsi une personnalité juridique.


Au XIVe siècle, sous Antoine de Beaujeu, la province Beaujolaise est très vaste : elle s'étendait au Nord jusqu'au Mâconnais et à la Saône et Loire. A l'Ouest, elle comprenait les Monts du Beaujolais jusqu'à la Loire. A  l'Est, elle comprenait une partie du département de l'Ain. Au sud, elle descendait jusqu'à Villefranche.

1400, Edouard de Beaujeu fait don de ses terres aux Bourbon, l'un d'eux, Pierre de Bourbon épouse Anne de France, fille de Louis XI, dite Anne de Beaujeu.


Durant cette périoide, le Beaujolais profite largement du mécénat de ce couple. Sur leur initiative, fut construit le grand portail de Notre Dame des Marais à Villefranche en 1500.


1514, Anne de Beaujeu donne ses armes à Villefranche et la nomme Capitale du Beaujolais.


La période des Bourbons s'achève en 1527, après la trahison du Connétable Charles III qui voit tous ses biens confisqués. Le Beaujolais devient alors l'apanage de la famille d'Orléans.


A partir  du XVIIe siècle, Villefranche affirme son activité industrielle, les tanneries s'installent le long du Morgon, l'industrie textile se développe et la bourgeoisie s'enrichit.


La Révolution arrive, l'échevinage est remplacé par un conseil municipal et la milice par une garde nationale. Désormais, l'histoire du Beaujolais va se confondre avec celle de la nation.


1789, Création du département du Rhône et Loire.


1793, Séparation des 2 départements : celui du Rhône et celui de la Loire.


Au XIXe siècle, le Beaujolais est une grande région européenne du textile comme à Villefranche (confection), Tarare (capitale de la mousseline), Amplepuis, Thizy, Cours-la-Ville...


Au XXe siècle, le Pays Beaujolais se structure progressivement entre les 3 secteurs économiques actuels :

Le commerce et l'industrie ; le vignoble, l'agriculture-élevage et la production forestière.

 

2- Des origines au XIVe siècle

Ainsi qu'en attestent des outils de silex et autres vestiges découverts en différents lieux, la réion a été occupée par l'homme dans les temps les plus reculés. Plus près de nous, jusqu'à la conquête par les légionnaires de Jules César, les Eduens au nord et les Ségusiaves au sude occupaient le territoire. Ils cohabitaient vraisemblablement avec de peties "colonies" Ligures qui avaient fui leur pays d'origine.

 

Certains pensent que les noms de villages terminés en "as" Odenas, Arnas, Taponas, Juliénas, Chénas seraient d'origine ligure. En 59 avant J.C., Orgétorix, chef d'une tribu helvète traversait la Gaule d'est en ouest avec l'accord tacite, semble-t-il des Eduens. Mais, craignant d'être attaqués par ces migrateurs, les Ségusiaves appelèrent les Romains à leur secours. Ceux-ci intervinrent, une grande bataille eut lieu à proximité de la Saône. Des objets recueillis lors de fouilles et de dragages aux abords de gués témoignent de la violence de ces affrontements. Dans la foulée, les Romains profitèrent de l'occasion pour conquérir le pays. Ils créèrent un réseau routier, pour acheminer les marchandises depuis les zones de production jusqu'à la voie militaire tracée par Agrippa, gendre d'Augustin, entre Lyon et Boulogne (notre actuelle RN6), et jusqu'à l'Arar (la Saône) sur laquelle la navigation était importante.


Quelques siècles plus tard, les descendants de Charlemagne signèrent, en 843, le traité de Verdun qui partageait l'empire entre Charles, Lothaire et Louis. Le traité, qui fut le premier rédigé en langue romane (transition entre le latin et le français) avait été négocié à Saint-Romain-des-Isles, à Ancilia, une île proche de Saint-Romain-des Iles, au nord de Belleville/Saône. Peut-on dire à partir de cela que le Beaujolais est un berceau de l'histoire européenne ?


C'est à la date de 1031, qu'apparaît, dans le Cartulaire de Saint-Vincent, le nom de Bellijocum.


L'abbaye de Cluny, fondée au Xe siècle, fut aussitôt convoitée par ses voisins. A cette époque la vallée de l'Ardières était commandée par le château de Pierre-Aigüe, au-dessus de Beaujeu. L'abbé de Cluny apporta son soutien au sire de Beaujeu s'assurant ainsi qun allié dans sa lute contre les comtes de Mâcon, de Forez, et les archevêchés de Mâcon et de Lyon.


Ambitieux, plutôt frondeurs et volontiers batailleurs, les sires de Beaujeu répondirent à cette attente.


Ils ne s'en tinrent pas là, pendant plus de quatre siècles, guerroyant, épousant ou s'alliant à de grandes maisons, ils n'eurent de cesse d'étendre leurs possessions. Leur Beaujolais fut beaucoup plus étendu que celui que nous connaissons.

Parmi les acteurs de cette brillante saga, nous retiendrons quelques noms : Beraud ou Bérard, le premier dont le nom apparaît dans les écrits ; c'était en 957. C'était un homme avisé dont le château, bien assis au-dessus de l'Ardières, dominait fièrement le pays de Beaujeu. Durant les IXe, Xe et XIe, les Sires de Beaujeu se taillèrent un territoire important. Ils firent du Beaujolais un état tampon entre le Mâconnais et le Lyonnais.


Guichard III (1094-1137) qui acheva sa vie à Cluny après avoir fondé l'église Saint-Nicolas autour de laquelle la ville de Beaujeu s'est construite.


Humbert III (1137-1179) qui participa à une croisade, fonda Villefranche (vers 1140), l'abbaye de Belleville et son église nécropole des Sires de Beaujeu.


Guichard IV dont le mariage avec Sybille de Hainault, belle-soeur de Philippe Auguste, l'apparenta, lui et ses descendants, au roi de Franche. Guichard mourut à Douvres en 1216 alors qu'aux côté du prince Louis, il combattait Jean Sans Terre.


Humbert V, son fils, était un homme de guerre. Pour son cousin Louis VIII il conquit le Languedoc, ce qui lui valut d'être fait connétable. Il mourut en 1250 sous la bannière des Croisés.


Guichard V signa la première charte écrite de Villefranche (que les édiles municipaux sont fièrs de présenter encore aujourd'hui). En 1265, il mourut sans enfant ayant désigné sa soeur Isabelle pour lui succéder.


Isabelle fut l'intermédiaire d'une bifurcation dans la lignée. Son époux n'était autre que Renaud de Forez et à son décès, sa veuve céda l'héritage à son fils cadet Louis, lui-même époux d'Eléonore de Savoie, réalisa sur son nom, la réunion des trois grandes familles !


Guichard VI succédat en 1295 à son père. Ses faits d'armes dans les armées royales lui valurent d'être connu sous le nom de Guichard le Grand. Au passage, il obtint de l'archevêque de Lyon de percevoir un péage aux Brotteaux.


Son fils Edouard 1er lui succéda en 1331. Il suivit les traces de son père dans la carrière militaire en guerroyant aux côté de Philippe VI. Seigneur de Beaujeu, Edouard 1er fut surtout un capitaine du roi de France. Son épouse, Marie du Thil, ne le voyait que rarement. Installée à Juliénas, elle dirigeait avec habileté les affaires de la baronnie. Edouard perdit la vie, au service du roi à Saint Omer en 1350.


Son fils, Antoine, lui succéda. Compagnon d'armes de du Guesclin grâce auquel la guerre de cent ans prit une nouvelle orientation, il fut lui aussi très actif sur les champs de bataille. C'était un seigneur généreux, brillant, qui aimait le luxe.


Dernier sire de Beaujeu, Edouard II, cousin d'Antoine, lui succéda en 1374, il héritait des lourdes dettes contractées par ses prédécesseurs (le service du roi coûtait cher). Mais il n'eut pas les mérites de ceux-ci (des écrits affirment qu'il pouvait être odieux et cruel). N'ayant pas d'héritier, il fit don en 1400 de la totalité de ses biens au duc Louis de Bourbon. C'est ainsi que s'acheva la saga des Sires de Beaujeu.

 

3 - Du XVe siècle à nos jours

Au XVe siècle, le Beaujolais échut, en 1456, à Pierre de Bourbon, fils cadet du duc Charles 1er, qui épousa, en 1473, Anne de France, fille de Louis XI (dont son père disait qu'elle était "la femme la moins folle de France").

 

En 1488, sous le nom de Pierre II, il devint le 7e duc de Bourbon. A la mort de Louis XI, en 1483, et pendant la minorité de son frère Charles VIII, Anne de France devient régente. Elle gouverna avec compétence, sans pour autant se désintéresser du Beaujolais qui bénéficiait de sa générosité et de celle de Pierre II.

 

Ils subventionnèrent l'hôpital, et firent réaliser, entre autres, le grand portail de Notre Dame des Marais à Villefranche. Une paix relative régnait alors dans la région, elle permit de retrouver une certaine prospérité, et contribua au développement et à l'embellissement de Villefranche. En 1514, Anne de Beaujeu accordait de nouvelles armes à cette ville, qui avait pris définitivement la suprématie sur Beaujeu.

 

Suzanne, fille de Pierre et Anne, épousa le Connétable Cahrles de Bourbon Montpensier qui se couvrit de gloire à Marignan. Mais avant de mourir, en 1527, il se rallia à Charles-Quint. Aussitôt, François 1er confisqua tous ses biens. De passage dans la région, à l'occasion des guerres d'Italie, le roi séjourna à Villefranche.

 

Lors des guerres de religion, les troupes du Baron des Adrets, chef des protestants, firent de nombreuses incursions dans le Beaujolais. En 1562, elles assiégèrent Villefranche qui résista vaillamment. Famine et peste frappaient les populations. Des maladières et quarantaines permettaient de soigner les pestiférés hors des villes, des chapelles et oratoires étaient dédiés à Saint Roch (on en retrouve les témoignages dans les noms de lieux et d'édifices). Des Hôtels Dieu spacieux permettaient d'accueillir les pauvres malades à Villefranche et à Belleville. Le neveu du connétable Charles, Louis de Bourbon-Montpensier récupéra son héritage en 1560. Sa descendante Marie de Bourbon-Montpensier ou Montpensier, née en 1605, épousa Gaston d'Orléans dont elle eut une fille unique qui ne fut autre qu'Anne-Marie-Louise d'Orléans, duchesse de Montpensier, princesse de Dombes et baronne du Beaujolais, généralement connue sous le nom de la Grande Mademoiselle. A sa mort, en 1693, elle fit de Philippe d'Orléans, frère de Louis XIV, l'héritier de ses biens.

 

Sous le règne du Roi Soleil, le Beaujolais avait retrouvé la paix. Faisant route vers l'Espagne pour y épouser l'infante, Louis XIV s'arrêta à Villefranche en 1658, il était accompagné de la Reine Mère, de Mazarin et de la Grande Mademoiselle En 1695, le roi reconnut par lettres patentes l'Académie Royale de Villefranche (la 5e de France) - une société savante toujours très active aujourd'hui.

 

En dehors des luttes sanglantes qui opposèrent jacobins et muscadins, du tragique destin de Manon et de  Jean-Marie Roland de la Platière, le Beaujolais eut à déplorer plusieurs victimes, par exemple, l'exécution sur l'échafaud des chanoines de Villefranche.

 

Jusqu'à la mort sur l'échafaud, en 1793, du dernier baron du Beaujolais, Louis Philippe d'Orléans, les héritiers des sires de Beaujeu ne montrèrent guère d'intérêt pour la région. Ce qui n'empêcha pas celle-ci de prospérer. C'est en effet à partir du XVIIe siècle que Villefranche affirma son activité industrielle, les tanneries s'installant le long du Morgon ; l'industrie textile se développa et la bourgeoisie s'enrichit. Le Comté faisait alors partie du gouvernement du Lyonnais.

 

Le 4 mars 1790, conformément aux mesures décrétées par l'Assemblée Nationale Constituante qui divisait la France en 83 départements, les anciennes provinces du Lyonnais, Forez et Beaujolais formèrent le département du Rhône et Loire.

 

Suite à la rébellion de Lyon, le département du Rhône et Loire fut scindé en deux en 1793, constituant les départements du Rhône et de la Loire par décret du 29 brumaire de l'An 2. A partir de là, l'histoire du Beaujolais se confond avec celle de la France.

 

Bernard Frangin note dans le guide du Beaujolais : "la région reste toujours opposée au second empire, et dès 1871, toutes les consultations électorales penchaient vers ce qu'on appelait alors les "républicains". Au point qu'à partir de 1881, les monarchistes renoncèrent même à présenter des candidats."

 

Le temps passa avec les heurs et malheurs qui marquèrent l'histoire de France. On retiendra que lors de la seconde guerre mondiale de nombreux maquis s'organisèrent dans tout le Beaujolais. Ils payèrent un lourd tribu en vies humaines.

 

Bernard Frangin, encore lui, rappelle la remarque de René Lacour, Directeur des archives départementales du Rhône : "Le Beaujolais a toujours fait preuve d'indépendance et d'autonomie..."

C'est un trait de caractère qui semble inscrit dans les gènes des habitants du Beaujolais. Capables de discipline lorsqu'ils se l'imposent  eux-mêmes, ils sont toujours prêts à réagir aux diktats venus d'ailleurs pour peu qu'ils leur apparaissent obscurs et injustifiés.

 

 

3 - Personnages célèbres

 

Outre ceux qui, directement ont fait l'histoire, des personnages célèbres sont nés en Beaujolais, ou y ayant vécu, on laissé leur empreinte et des souvenirs qui font partie de la culture beaujolaise :

 

En 1670, au retour d'un voyage à Grignan, Madame de Sévigné résida au château de Bagnols.

 

Jean-Marie de la Platière, né à Thizy en 1734 et son épouse parisienne née Jeanne-Marie Philipon en 1754 (Manon Roland), eurent une activité politique importante.

 

Gaspard Riche baron de Prony est né à Chamelet en 1755. Des études brillantes à l'école des Ponts et Chaussées de Paris, firent de lui un grand mathématicien, mais aussi un praticien de grand mérite.

 

Benoit Raclet est né à Roanne en 1780. Il épousa en 1808 Marthe Chaumet dont le père possédait un important vignoble à Romanèche. En 1815, le couple s'installa en Beaujolais.

 

Claude Bernard est né le 12 juillet 1813 à Saint-Julien-sous-Montmelas où son père exploitait le domaine du Chevalier de Quincieux. Il fit des études au collège de Thoissey, puis un apprentissage chez le pharmacien Millet à Lyon, et enfin des études de médecine à Paris.

 

Victor Pullia naquit le 27 avril 1827 au domaine de Tempéré, à Chiroubles. Très jeune il s'intéressa à la botanique, et réunit sur les coteaux de Tempéré, une importante collection ampélographique qui ne comptait pas moins de 1 200 sujets différents. Il créa en 1869, la société générale de viticulture de Lyon.

 

C'est à Beauregard, dans l'Ain, que naquit Victor Vermorel le 28 novembre 1848. En 1853, son père, un artisan ingénieux et inventif installa son atelier de machinisme agricole à Villefranche. Dès son adolescence Victor fit preuve d'une curiosité inextinguible, d'un esprit d'invention rarement en défaut et d'une grande ouverture aux autres et au monde.

 

Les frères Voisin : Gabriel né en 1880 à Belleville-sur-Saône et Charles né à Lyon en 1882 furent les premiers constructeurs d'avions à l'échelle industrielle.

 

Pierre Montet est né à Villefranche en 1885. Eminent égyptologue il dirigea d'importantes fouilles à Byblos (1921-1924) et à Tanis (1929-1951) où il découvrit une nécropole royale inviolée de la XXIe dynastie.

 

C'est à Salles-en-Beaujolais que se rencontrèrent les parents de Lamartine.

 

C'est en séjournant, en 1946, en Beaujolais, que Colette rédigea quelques pages du "Fanal Bleu".

 

Gabriel Chevallier, romancier né à Lyon en 1895 écrivit un ouvrage anecdotique, sur un village beaujolais qu'il baptisa Clochemerle, et dont on peut situer l'action truculente et savoureuse à Vaux en Beaujolais.

 

Utrillo résida avec sa mère Suzanne Valadon et Utter son beau-père à Saint-Bernard, village proche de la Saône, dans l'Ain. Il traversait souvent la rivière, tant pour trouver l'inspiration dans les doux paysages beaujolais - il peignit entre autre le moulin à vent - que pour user et parfois abuser de sa principale production.

 

Saint-Exupéry et Theillard de Chardin furent élèves au collège de Mongré à Villefranche.

 

Conte, l'inventeur du crayon épousa une caladoise, Mademoiselle Humblot.

 

Maurice Baquet est né à Villefranche, sa mère y tenait un commerce de linge de maison. L'acteur musicien est resté très fidèle à son Beaujolais natal, et il n'etait pas rare de le rencontrer lors de manifestations locale.

 

Claude Brosset, érudit français est né à Theizé en 1671. Ami de Boileau, il en publia les oeuvres après sa mort. Il participa à la fondation de l'académie de Lyon en 1724.

 

Ceux qui ont écrit sur le Beaujolais ont souvent fait référence à Paradin. Il s'agit de Guillaume Paradin qui, né en 1510, fut nommé chanoine de la collégiale Notre Dame de Beaujeu en 1545.

 

Ils évoquent aussi Louvet. C'était Pierre Louvet qui séjourna de 1669 à 1672 à Villefranche tandis qu'il était recteur au collège de Villefranche. On lui doit une Histoire du Beaujolais dont une copie se trouve à la bibliothèque de Lyon.

 

François Brac de la Perrière (1725-1800), avocat au Parlement de Paris et échevin de Lyon, était issu d'une grande et vieille lignée beaujolaise. Il publia un ouvrage sur le commerce des vins, souvent cité, les idées qu'il y exposait semblent encore très "actuelles".

 

 

5 - Vigne et vin au fil du temps

 

Les découvertes archéologiques font connaître l'importance de l'occupation romaine sur le territoire français. De toute évidence, cette population d'origine méditerranéenne qui pratiquait la viticulture et appréciait le vin, a assuré la diffusion de cette boisson privilégiée, soit par le commerce, soit par la culture. D'innombrables amphores provenant du négoce lyonnais ont été retrouvées dans le sol de la ville.

 

Roger Dion, dans on ouvrage "Histoire de la vigne et du vin", "des origines au XIXe siècle", cite un discours prononcé devant un envoyé de l'Empereur Constantin"... ces vignes admirées seulement de ceux qui en ignorent le véritable état, sont tellement épuisées de vieillesse que c'est à peine si elles ressentent encore les soins que nous leur donnons..."

 

Une telle vieillesse en Bourgogne autorise à penser que sur la route Lyon-Autun qui traversait le Beaujolais, on devait trouver des "relais", sinon un vignoble, du moins en consommation.

 

Asa Paulini (Anse) et Ludna-Lunna (St Georges-Belleville) sont citées par les "itinéraires touristiques du temps (Carte de Peutinger et itinéraire d'Antonin). Comme ils ne sont pas qualifiés villes d'eau, il est permis de penser que l'on y servait plutôt du vin.

 

Toutefois, quelques arpents de vigne ne font un vignoble que si de bonnes conditions sont réunies : un produit de qualité, une quantité suffisante, des moyens de transport, une clientèle.

 

Le Beaujolais, sur ces points, est bien pourvu : terroir et orientation favorables, proximité de la Saône navigable, petites villes (dont l'une deviendra grande).

 

Dans les cartulaires des chapitres de Mâcon et des abbayes telles que Cluny, dès le Xe siècle, les paroisses beaujolaises sont citées, preuve de l'existence d'une population assez importante. Sur le granit beaujolais, seule la vigne offre une culture prospère. La population des antiques paroisses ne pouvait qu'être vigneronne et les cartulaires le confirment. Dans toutes les transactions rédigées, la vigne apparaît, parfois le vin, en redevance. C'est à la vigne que l'on doit la première mention de Bérard, sire de Beaujeu. Avec son épouse Emelt, il négocie une vigne à Morgon en l'an 957.

 

Par la suite, la chaîne ne se rompra que dans les périodes difficiles, ravages de la Guerre de Cent Ans, pestes, famines. Guerres de Religion, Grande Révolution de 1789 à 1800, invasion du phylloxéra et gelée noire de 1880. Après chaque crise, il faut replanter, réparer les désastres, avec chaque fois l'impression d'une nouvelle naissance. Le discours d'Autun évoquait le travail des fosses à la profondeur voulue et le provignage, pratiques qui ont duré longtemps.

 

Peu à peu, des nouveautés sont survenues, avec Olivier de Serres au XVIIe siècle, avec les Sociétés d'Agriculture au XVIIIe siècle avec Chaptal et l'Abbé Rozier, avec l'Ecole de Montpellier au début du XIXe siècle, avec le développement de la mécanique et de l'industrie chimique au début du XXe, avec les écoles de greffage après le phylloxéra, avec l'arrivée du chemin de fer vers 1850, avec les organisations syndicales, mutuelles et coopératives, tout au long du XXe.

 

La nature qui est la mère nourricière de la vigne est aussi sa pire ennemie. Elle l'accable d'intempéries et de prédateurs divers. Jusqu'à l'arrivée du soutien des produits chimiques, la seule protection implorée était celle de la Vierge et des Saints.

 

A Vernay, à Lacenas, à Montmerle et en d'autres lieux, les villages au grand complet, se rendaient en pélerinage, en général pour le 8 septembre. La dernirèe chapelle érigée dans ce but est celle de Notre Dame de Brouilly et date de 1857.  

 

Curieusement, la première démarche scientifique au service de la vigne a consisté dans l'usage de l'eau bouillante mis au point à Romanèche-Thorins, vers 1830 pour l'échaudage des larves de pyrale nichées dans l'écorce des ceps.

Les rendements ont augmenté, mais de tous temps, il y eut des années fastes, en quantité et en qualité, et inversement des cycles désastreux.

En tenant compte des conditions naturelles et des modifications historiques, on peut estimer à une par siècle, les périodes réellement de franc succès. Le renouveau du bâtiment les jalonne.

 

Ainsi voit-on des églises du XIIe siècle, les belles maisons fin XVe-début XVIe, quelques demeures Louis XIII, beaucoup de XVIIIe et encore plus de Second Empire-fin du XIXe et pour finir, les constructions récentes de la fin du XXe.

En 1697, le curé Gaitte de Quincié déclare que la surface en vigne dans la paroisse est égale aux 3/8 de la surface cultivable.

Il faut pour les indispensables vaches, autant de prés que de vignes. 6/8 ou 3/4 sont ainsi employés, ne laissant qu'un quart pour la nourriture des habitants, paysans et artisans.

 

Bien que moins importants qu'actuellement, les rendements n'en excitaient pas moins la convoitise. Dès le début du XIIe siècle, on connaît les transactions autour des dîmes de Brouilly sur Saint Lager. Elles se partagèrent jusqu'à la Révolution, entre le seigneur du lieu, les chanoines de St Paul de Lyon qui possédaient leur pressoir sur la colline et au curé, une petite part.

 

 

6 - Naissance des A.O.C.


De tous temps, la production vinicole a été très réglementée : Interdiction de planter (Domitien, en 92) que leva Probus.

 

Rétablissement du Roi Charles VI en 1415. A Paris, trois sortes de vins sont reconnus : vins français de l'Ile de France, vins de la Loire, vins de Bourgogne. Le beaujolais sera de Bourgogne par Mâcon ou de la Loire en empruntant le fleuve.

En 1684, Melle de Montpensier obtint l'intégration du Beaujolais dans les provinces du nord. Le commerce avec Paris devint normal.

Pour autant, les frais de voyage ne furent pas réduits. Entre transports et péages, ils étaient considérables. Le transport par terre était estimé à 10 livres, par eau à 5 livres et le déchet à 4 livres. Suivant les années, les prix variaient de 35 à 80 livres par pièce. Les marchands s'enrichissaient surtout par la revente au détail sur la ville de Paris, vente pour laquelle  il fallait un privilège.

 

Le vigneron, au pays, ne gagnait pas beaucoup. Il vivait en autarcie et quelques pièces d'argent lui procuraient une petite aisance.

 

Les habitants de Lyon bénéficiant au titre de bourgeois par leur naissance et leur résidence jouissaient du droit de vendre leur récolte de l'année, sans payer aucun droit de détail. De sorte que la plupart des propriétaires beaujolais s'organisaient pour être considérés "bourgeois de Lyon". Les marchands ne profitaient pas de ce commerce. D'où leur grands efforts pour envoyer le vin à Paris et au-delà.

Le Beaujolais, au XVIIIe siècle, était très apprécié des parisiens mais curieusement recherché comme "vin clairet". Les noms des crus sont connus hors de la région depuis longtemps comme ceux de "bon pays".

 

Le Beaujolais n'est complanté que d'un cépage unique, le Gamay. Contre toute logique et parce que joue le mysérieux accord avec la nature géologique du sol, le bouquet du vin varie de place en place. Le Beaujolais est un vin "jaloux", ce qui signifie qu'il rend les contrées "jalouses" entre elles. La dégustation tient une position supérieure dans les chais et les caves.

 

Tout naturellement, l'idée de "classement" s'est imposée. A l'établissement du cadastre, dans les années Révolution-Premier Empire, les vignes furent ordonnées en "classes", puis on passa aux catégories... Pendant la guerre de 14-18, seules les premières "catégories", un, deux et trois n'étaient pas réquisitionnées pour l'armée.

 

Vint ensuite l'idée d'allier classement et origine géographique qui aboutit à la situation actuelle des "Appellations d'Origine Contrôlées", sous le contrôle d'un institut national.

 

1927 : définition du Moulin à Vent.

1935 : définition de l'ensemble des appellations

1988 : dernière naissance d'un nouveau cru : Régnié.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




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